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Ticketmaster North America manque une nouvelle fois de transparence face aux journalistes

CBC News et Toronto Star viennent de publier une enquête sur la manière dont Ticketmaster commercialise des billets de concerts, et ses liens avec le marché secondaire.

Les journalistes ont monitoré pendant plusieurs mois le site de Ticketmaster en s’intéressant plus particulièrement aux concerts de Bruno Mars qui doivent se tenir ce week-end à Toronto. Lors de la mise en vente des billets en février dernier, il ne restait que des billets très chers quelques minutes après l’ouverture.

Trois éléments clés ont été démontrés par les journalistes :

  • Tous les billets ne sont pas mis en vente lors de l’ouverture de la billetterie officielle

Les journalistes ont remarqué que des billets étaient mis en ligne 90 minutes après l’ouverture de la vente, et même quelques mois plus tard. Pour Ticketmaster, c’est une décision du producteur et de la salle. Si cette technique fait monter artificiellement le prix du billet et donne l’impression d’une forte demande, elle n’est pas répréhensible par la loi. Certains festivals prévoient d’ailleurs plusieurs moments de vente, afin de donner une chance au plus grand nombre de spectateurs, et d’éviter le marché secondaire.

  • Les prix augmentent au fur et à mesure

Quelques minutes après l’ouverture des ventes de billetteries, les prix des billets Platinum (soit les plus chers) ont commencé à augmenter. Concrètement, Ticketmaster ne fait qu’appliquer des techniques de tarification dynamique, approuvés par le producteur de Bruno Mars. Les journalistes reprochent cependant à la billetterie de ne pas être transparente, et de ne pas indiquer le prix initial des billets. Une critique que l’on peut juger sans fondements : les compagnies aériennes ou ferroviaires ne mentionnent jamais le prix de base pour leurs billets.

  • Ticketmaster récupère des commissions et des frais deux fois lorsque les billets sont revendus sur ses sites

Pour un concert de Bruno Mars, Ticketmaster collecte 350 000 dollars de commissions et de frais, et double ces gains avec la revente des billets sur son propre site Internet. En effet, la compagnie propose un programme de « revente vérifiée » qui permet de revendre directement sur le site de Ticketmaster, sans aucune limite sur le prix de revente. A cette remarque, Ticketmaster n’a pas souhaité commenté.

Les journalistes de CBC News et de Toronto Star ont également publié leurs échanges de mail avec Catherine Martin, Senior VP Communications de Ticketmaster US. Après avoir donné leur accord pour une interview filmée avec Jared Smith, CEO de Ticketmaster North America, Ticketmaster s’est finalement rétracté et a envoyé une déclaration écrite aux journalistes, sans répondre précisément à toutes leurs questions.

« Tant qu’il y aura un déséquilibre entre l’offre et la demande pour les billets de concerts, il y’aura toujours un marché secondaire. En tant que leader mondial de la billetterie, […] nous pensons qu’il est de notre devoir de fournir une place de marché sécurisée et équitable ou les fans peuvent acheter et vendre leurs billets. […] Nous différencions clairement les billets standards vendus par la salle et les billets vendus par des tiers, en affichant clairement que les prix de revente peuvent dépasser (ou être inférieurs) à la valeur faciale du billet. […] nous avons également pris un positionnement très restrictif sur la revente spéculative, en n’autorisant aucun revendeur, qu’il soit professionnel ou non, de mettre en vente des billets sur nos plateformes sans avoir été préalablement vérifié. »

Cette enquête de CBC News et de Toronto Star montre donc les techniques marketing employées par les producteurs, la salle et Ticketmaster pour la commercialisation des billets d’un artiste de renommée internationale. Les éléments soulignés s’avèrent être tout à fait dans les clous en matière de législation : les journalistes mettent en revanche en lumière le manque de transparence de Ticketmaster et de ses équipes à un moment où l’industrie de la billetterie, et notamment le marché secondaire sont particulièrement décriés, un peu partout dans le monde.

Ticketmaster n’a aucune obligation de révéler ces dispositifs de commercialisation, contractualisés avec le producteur de Bruno Mars et la salle de concert, ni de révéler ses gains sur cette mise en vente. En revanche, une communication plus transparente, et plus ouverte de la part de ses équipes auraient peut-être évité de paraître coupable dans cette enquête…

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